Papy

Je pense à toi. Je ne peux pas faire autrement. C'est comme si ton âme était venue s'accrocher à la mienne pour ne plus jamais la quitter. Tu es là à mon réveil et je sens encore ta présence quand je m'endors. Je ne rêve pas de toi, mais je te songe tout à long de la journée, comme si je n'avais pas besoin de sombrer dans un sommeil lourd pour t'avoir avec moi.

Je n'arrive pas à croire que maintenant, c'est tout ce qu'il me reste. Je n'arrive pas à réaliser que je n'entendrais plus ton rire, que je ne verrais plus ton visage, que je ne toucherai plus tes mains. Il m'est inconcevable de me dire que je n'écouterai plus tes histoires de gym, de ta vie. Je ne crois pas en l'amour mais je n'arrive pas à m'imaginer que celui qu'il y a entre toi et mamy est parti avec toi.

Ton fauteuil est toujours là, fier et beau, comme toi. Je ne veux pas garder en mémoire nos deux dernières rencontres. Elles seront toujours là malheureusement. Toi allongé dans ce lit d'hôpital à Mondor. Toi, tout frêle. Et toi allonger sur ton lit de départ, au visage presque méconnaissable. Je préfère me souvenir de toi, le jour de ton départ de chez toi, assis dans la cuisine un peu sombre à cause des volets fermés, vêtu de ton pantalon beige et ta veste grise, sans oublier ton beau chapeau. Il me semble aussi que tu tenais ta canne et tu attendais tranquillement. En apparence sans doute. Et de toi, assis dans ton grand fauteuil, somnolant, et me souriant ou me tirant la langue en te réveillant.

Je trainais les pieds pour venir chez vous. Aujourd'hui, j'y viendrais en courant. Je courrais pour venir à ces sorties au restaurant. Je courrais pour passer une semaine aux Sables d'Olonne. Je courrais pour venir dans tes bras, pour revivre tous les bons moments qu'on a vécu ensemble et pour en vivre encore d'autres.

Je n'avais pas besoin de te le dire pour que tu le saches, mais je te l'écris quand même: je t'aime.